Sorti le 15 juillet dernier, le film Love de Gaspard Noé – initialement interdit aux moins de 16 ans – est depuis le 3 août interdit aux moins de 18 ans suite à l’action en justice de l’association Promouvoir. Les réactions se déchaînent autour de ce que certains nomment « le retour de la censure »
Avant de se pencher sur ce dernier événement, rappelons le processus de classification d’un film. L’œuvre cinématographique est présentée au comité de classification et ensuite à la commission de classification du CNC. Un débat fait suite au visionnage et une proposition de classification est faite au Ministre de la Culture, qui sera le décideur final :
- Tous publics : 90 % des films cinématographiques
- Moins de 18 ans : Films avec des scènes de sexe non simulées ou de très grande violence.
- Moins de 16 ans : Films violents, à fort caractère sexuel pouvant inciter ou influencer le public
- Moins de 12 ans : Films aux scènes difficiles pouvant impressionner ou heurter les jeunes enfants
Chaque mesure peut être accompagnée d’un avertissement exposé au début des séances de diffusion.
« Promouvoir », une association discrète mais proactive
Créée en 1996, l’association Promouvoir se bat contre le sexe et la violence au cinéma, dans l’objectif de protéger les mineurs. L’association s’appuie principalement sur la promotion des valeurs judéo-chrétiennes. Comptant aujourd’hui une centaine d’adhérents, l’association se montre discrète et a pourtant été particulièrement active ces derniers mois.
L’action directe de Promouvoir est d’intervenir dans les décisions de classification des œuvres cinématographiques, afin de les rendre plus sévères quand elle le juge nécessaire.
C’est ce qui s’est produit pour le film Love, classifié moins de 16 ans et aujourd’hui interdit aux moins de 18 ans après décision du Tribunal Administratif, saisi par Promouvoir.
Qui sont les cibles de Promouvoir ?
André Bonnet, avocat et porte-parole de l’association, s’est exprimé sur le cas « Love » et réfute toute forme de censure. Pourtant de nombreux films ont été la cible de Promouvoir dans les derniers mois : Saw 3D, 50 nuances de Grey, La Vie d’Adèle, Nymphomaniac… L’histoire se répète et producteurs et réalisateurs s’indignent. Rappelons qu’un film interdit aux moins de 18 ans se voit refuser de nombreuses subventions.
La faille du système de classification actuel n’est-elle pas la subjectivité sur laquelle il se base ? Aujourd’hui, la jurisprudence est le principal cadre légal de la classification cinématographique (le cas Love a fait suite au cas Saw 3D). En attendant un cadre plus strict, l’association Promouvoir a bien pour but de poursuivre son combat contre la commission du CNC qu’elle juge trop laxiste.
Retrouvez les interviews d’André Bonnet et Vincent Maraval, producteur de Love, sur le site Allocine.fr !